Thématique

Terminologie : discours, technologie et acteurs sociaux


    Ces dernières années, la terminologie a multiplié ses liens avec d’autres disciplines, issues tant des sciences humaines que des sciences expérimentales. Elle a aussi diversifié ses pratiques, depuis la modélisation des concepts jusqu’à l’ingénierie des connaissances, depuis la problématique de la définition jusqu´aux services de consultation.

    Une des causes sans doute de ces évolutions est la prise en compte des facteurs sociaux dans l’émergence, la diffusion, l’implantation des concepts et des termes. D’où les apports par exemple de la sociolinguistique, de l’ethnologie, de la sociologie, de l’histoire, de l’anthropologie culturelle, de la politologie.

    A cette intégration des facteurs sociaux, s’est ajouté l’impact des moyens technologiques (corpus électroniques, logiciels d’extraction, de dépouillement, d’indexation, de gestion terminologique, concordanceurs, etc.). En outre, certaines activités professionnelles, par exemple la localisation, sont devenues encore plus gourmandes en terminologie. Ainsi il a fallu et il faut alimenter les logiciels de mémoire de traduction, les programmes de traduction automatique.

    Désormais la multiplicité des besoins, la diversité des situations d’usage obligent à s’interroger sur les contextes et les acteurs sociaux de la terminologie.

    Par contexte, on peut inclure

- le contexte socio-économique (politique linguistique et aussi éventuellement aménagement terminologique de la société entière (en situation minorée ou pas), de l’entreprise, de l’administration; exigences et coûts de l’effort terminologique; volume de travail à accomplir; souci de l’implantation des termes; efforts terminométriques, etc.- paramètres qui influencent les conditions, les stratégies et les choix de travail)

- Le contexte social (attirant l’attention sur les institutions, les acteurs (avec leurs outils de travail) et leurs comportements - experts de domaine, ingénieurs, traducteurs, journalistes, rédacteurs techniques, étudiants, etc.). Qui intervient dans les différentes phases de l’activité terminographique? Quelles sont les relations entre ces personnes? Comment résout-on les différends? Quelles sont les perceptions que chacun a de son rôle? Quelles sont les procédures de décision?

- Le contexte linguistico-culturel (mettant l’accent sur les valeurs, les représentations, les idéologies). Quelles normes langagières privilège-t-on? Quelles attitudes a-t-on envers le changement linguistique, la néologie, le contact des langues? Comment perçoit-on le multilinguisme et la place de l’anglais? Jusqu’où tient-on compte des variations géographiques et sociales des langues?

- Le contexte cognitif et discursif (connaissances partagées, rôle de la subjectivité dans les décisions, empan textuel considéré dans l’analyse terminologique, importance accordée aux genres de texte, etc.).

    D’évidence, les types d’interaction où se créent, s’utilisent les concepts et termes influencent leur traitement: une discussion (oral) et un échange (écrit) d’expert de domaine à expert d’un autre domaine, d’expert à étudiants, de journaliste à lecteurs novices, de terminologue à traducteur, de langagier à décideur (éditeur, fonctionnaire, financier, etc.) diversifient à l’extrême les échanges toujours contextualisés. C’est dans ces discours situés, éphémères, contingents, linguistiquement marqués, que se négocient les sens terminologiques, s’établissent les consensus sémantiques momentanés, évoluent les usages.

    Il n’y a pas de terminologie sans discours ni acteurs interagissant dans une communication sujette en partie à des conventions de production et d’interprétation mais aussi lieu de créativité.


Nous attendons vos propositions.