Le coût de la bureautique d'entreprise

postes clients postes serveurs
  • rédiger des lettres, rapports, télécopies et autres documents (traitement de texte);
  • effectuer des calculs simples (tableur);
  • préparer des schémas et transparents (dessin vectoriel);
  • gérer des fichiers personnels (base de données);
  • accéder aux services implantés par les serveurs;
  • utiliser des applications spécialisées de gestion de production, de gestion commerciale etc. (applications clientes).
  • serveur de fichier pour effectuer des sauvegardes et partager des fichiers simples entre collègues;
  • serveur de données pour stocker les données structurées de l'entreprise (fichier client, fichier fournisseurs, fichier stock, références, annuaire etc.);
  • serveur de documents pour permettre la publication électronique de documents techniques, de procédures, de mémos etc.
  • serveur de communication pour faciliter l'échange de documents, de messages et de fichiers au sein de l'entreprise ou à travers les réseaux mondiaux (télécopie, Internet etc.).
Gains maxi possible
  • 0,6% pour une entreprise équipée de 3000 postes (CA 4 GF, soit 24MF)
  • 1,2% pour une entreprise équipée de 80 postes (CA 50 MF, soit 600kF)
  • 2,5% pour une entreprise ou une administration locale équipée de 20 postes (CA 6 MF, soit 150kF)

NOTA: étude menée à une époque où nombre d'applications n'avaient pas encore été portées sous Linux

 

  Les coûts de la bureautique d’entreprise
Etude de quatre scénarios d’investissement

Quels logiciels choisir? Quels systèmes d'exploitation choisir? Quel matériel utiliser? La question présente une importance économique certaine car l'informatisation des entreprises entraîne des dépenses importantes. Sans chercher à prendre position en faveur d'un système ou d'un autre, nous tenterons de comparer diverses solutions.

La référence actuelle de bureautique dans les grandes entreprises est Microsoft pour les applications ou les systèmes d'exploitation avec Intel pour les micro-processeurs. D'autres choix existent dont les coûts pourraient être moindre. Dans un premier temps, nous définissons un modèle informatique de référence correspondant aux situations rencontrées fréquemment dans l’entreprise. Dans un second temps, nous évaluons le prix du matériel et du logiciel pour une solution Microsoft. Dans un troisième temps nous montrons comment, au sein d'une solution Microsoft, le choix de normes publiques permet de réduire le prix du matériel et du logiciel. Dans un quatrième temps, nous montrons que des produits concurrents conduisent à des systèmes informatiques moins onéreux. Enfin, dans un cinquième temps, nous montrons comment une action concertée pourrait réduire de façon plus sensible les coûts de la bureautique et favoriser l'émergence d'une industrie du logiciel de grande diffusion dans un marché ouvert à la concurrence.


Modèle de référence

De façon très classique (voir Figure 1), le système informatique d'une entreprise comporte :

  • des postes clients, utilisés par le personnel;
  • des serveurs pour implanter la plupart des services d'information auxquels les postes clients accèdent;
  • des interfaces papier (imprimante, numériseur) pour permettre au système d'information de l'entreprise de produire ou de traiter les documents papier.

Figure 1 Modèle de référence

Clients

Les postes clients sont utilisés principalement pour :

  • rédiger des lettres, rapports, télécopies et autres documents (traitement de texte);
  • effectuer des calculs simples (tableur);
  • préparer des schémas et transparents (dessin vectoriel);
  • gérer des fichiers personnels (base de données);
  • accéder aux services implantés par les serveurs;
  • utiliser des applications spécialisées de gestion de production, de gestion commerciale etc. (applications clientes).

Services

Les serveurs permettent d'implanter les services adaptés au travail de groupe :

  • serveur de fichier pour effectuer des sauvegardes et partager des fichiers simples entre collègues;
  • serveur de données pour stocker les données structurées de l'entreprise (fichier client, fichier fournisseurs, fichier stock, références, annuaire etc.);
  • serveur de documents pour permettre la publication électronique de documents techniques, de procédures, de mémos etc.
  • serveur de communication pour faciliter l'échange de documents, de messages et de fichiers au sein de l'entreprise ou à travers les réseaux mondiaux (télécopie, Internet etc.).


Scénario de référence : « faire comme les autres »

La solution choisie par de nombreuses entreprises pour implanter leur système d'information est d'utiliser les produits adoptés par ce que les dirigeant et analystes appellent le « marché » c'est-à-dire « faire comme les autres ». Il s'agit presque toujours des produits créés et utilisés aux Etats-Unis, soutenus par un battage commercial de grande ampleur. Le choix du « marché » consiste à suivre la mode informatique des grandes entreprises américaines ou multinationales.

Bien que dans une majorité de cas, suivre le « marché » ne soit pas optimal d'un point de vue économique, technique ou stratégique, cette solution présente un avantage essentiel aux yeux des dirigeants : quel que soit le pays, la région ou la ville, des compétences externes seront toujours plus faciles à trouver qu'avec un solution informatique concurrente moins répandue.

Le choix du marché

En 1997, la solution généralement adoptée par le « marché » pour les postes clients est constituée :

  • d'un ordinateur à processeur Intel Pentium;
  • du système d'exploitation Microsoft Windows NT;
  • de la suite bureautique Microsoft Office pour le traitement de texte, le tableur et le dessin;
  • du logiciel de courrier électronique et de gestion de bases documentaires IBM Lotus Notes.

Les applications spécialisées des postes clients sont développées avec Microsoft Visual Basic.

Les postes serveurs utilisent :

  • un ordinateur à processeur Intel Pentium Pro;
  • le système d'exploitation Microsoft Windows NT;
  • le gestionnaire de bases de données Oracle;
  • le serveur de courrier électronique et de gestion de bases documentaires IBM Lotus Notes.

Les tableaux 2 et 7 donnent une indication du prix de ces solutions. On notera que la durée de vie moyenne des ordinateurs Intel n'est que de deux ans et demi. En effet, les nouvelles versions des logiciels Microsoft utilisent des formats de fichiers incompatibles avec les versions plus anciennes. De plus, Microsoft développe des logiciels nécessitant une puissance de calcul toujours plus importante. L'acquisition d'un ordinateur récent est par conséquent nécessaire pour suivre le « marché ». Par ailleurs, les logiciels Microsoft, bien que disponibles pour des processeurs autres qu'Intel ou des systèmes d'exploitations autres que Windows, ne sont optimisés que pour les ordinateurs à base de processeur Intel et de système Windows. L'avantage compétitif de processeurs RISC concurrents (ARM, MIPS, Hitachi, PowerPC, Alpha) ou de systèmes d'exploitation concurrents (par exemple MacOS ou Linux) se trouve ainsi fortement diminué lors de l'utilisation de logiciel Microsoft.

Ces nombreux inconvénients résultent d'une stratégie délibérée de Microsoft et Intel de créer une dépendance croissante des entreprises a l'égard de leurs produits.

Scénario de référence
Avantages Inconvénients
Très répandu Stratégie dangeureuse à moyen terme
Facilité d'externalisation des services Souvent plus cher que la concurrence
Parfois techniquement inférieur aux concurrents
Nombreuses fonctions inutiles et coûteuses
Vente forcée de nouveaux matériels
Vente forcée de nouveaux logiciels
Mauvaise compatibilité avec les normes
Architecture fermée du logiciel


Scénario A : utiliser des formats publics et se préparer à la concurrence

Une grande partie des inconvénients du scénario de référence peut être supprimée :

  • en restreignant l'emploi des logiciels Microsoft à des formats de données ou à des protocoles publics ou publiés, c'est-à-dire dont l'usage n'entraîne le paiement d'aucune redevance. Une liste de formats et protocoles publics ou publiés couvrant la plupart des besoins de l'entreprise est donnée au tableau 1;
  • en veillant à l'utilisation de systèmes concurrents et de logiciel multiplateforme au sein de l'entreprise (Unix, MacOS et Windows par exemple) pour éviter une dérive des choix liés à la prééminence d'une plateforme unique1 .

En effet, l'obsolescence rapide du logiciel et du matériel Microsoft/Intel est principalement due à la rapidité d'évolution des formats et à leurs incompatibilités mutuelles2 . Le choix de formats publics permet de stabiliser le parc informatique dans le temps et de doubler sa durée de vie. Par ailleurs, le fait de soumettre Intel et Microsoft à la concurrence d'autres fournisseurs, rendue possible par le choix de formats publics reconnus par d'autres logiciels, devrait permettre l'obtention de remises importantes sur le logiciel Microsoft. Enfin, le fait d'utiliser un logiciel multiplateforme autorise une évolution progressive du parc matériel en fonction des avantages compétitifs des diverses solutions matérielles disponibles sur le marché.

L'inconvénient principal d'une telle approche est que l'utilisation de certaines fonctions avancées des logiciels Microsoft doit être bannie sous peine de perte d'information lors de l'échange de fichiers par formats publics.

L'économie réalisable sur le poste client, calculée au tableau 3, est de l'ordre de 40%.

Scénario A
Avantages Inconvénients
Très répandu et interopérable Moins bonne intégration
Facilité d'externalisation des services Inférieur techniquement à la concurrence
Facilité de changer de fournisseur Recours plus fréquent au développement
Obtention de meilleurs prix Manque de fonctions avancées
Bonne interopérabilité


Scénario B : faire jouer la concurrence

Lorsque des protocoles publics ou publiés sont implantés au sein de l'entreprise, il est possible de faire jouer la concurrence lors du renouvellement du parc logiciel et matériel et d'obtenir des prix plus faibles. A titre d'exemple, nous avons conseillé à une PME française de 100 employés d'équiper 80 de ses postes clients :

  • d'une large majorité d'ordinateurs à processeur PowerPC et de quelques ordinateurs à processeur Intel;
  • du système d'exploitation MacOS sur les ordinateurs à processeur PowerPC;
  • de la suite bureautique Claris Internet Office capable de gérer à la fois le traitement de texte, le tableur, le dessin, le courrier électronique, la publication électronique et l'accès aux bases de données partagées.

Nous avons pu vérifier récemment que les logiciels choisis restent utilisables dans des conditions raisonnables sur des ordinateurs de 4 à 7 ans d'âge.

Pour son serveur de communication et d'information, cette même PME a choisi :

  • un ordinateur à processeur PowerPC;
  • le logiciel serveur de fichiers et d'information AppleShare;
  • la passerelle Internet VICOM;
  • le logiciel serveur de communication Communigator qui gère à la fois le courrier électronique, la télécopie et les messages vocaux.

Pour être comparable au scénario de référence, nous avons ajouté un logiciel de gestion de base de données accessible en réseau. La solution complète est décrite au tableau 8.

Dans une plus grande entreprise, on aurait pu choisir un serveur Linux, plus performant, moins cher mais plus complexe. Cette solution est décrite au tableau 9. Elle est actuellement utilisée par de nombreux prestataires de services Internet pour créer des serveurs Web performants et compétitifs. Pour Jacques Begbeider, expert des systèmes d'exploitation et administrateur d'un réseau de 200 machines à l’Ecole Normale Supérieure, Linux est l'un des systèmes les plus fiables et les plus sûrs du moment.

Selon nos estimations (voir les tableaux 4, 8 et 9), le choix de solutions non Intel/Microsoft permettrait d'effectuer une économie de 70 % par rapport au scénario de référence. Le principal inconvénient lié au choix de solutions concurrentes est le fait qu'étant moins répandues, il existe moins de sociétés de services externes pour le développement ou la formation. Toutefois, cet inconvénient ne se manifeste pas dans les pays industrialisés3 .

Scénario B
Avantages
Inconvénients
Moins cher et meilleur Moins répandu
Investissements réduits Externalisation des services moins facile
Maintenance réduite Recours plus fréquent au développement
Longue durée de vie du matériel Manque de fonctions avancées
Simplicité du système
Formation rapide
Productivité supérieure
Renforce la concurrence
Avance technologique
Plus grande fiabilité


Scénario C : promouvoir un nouveau marché

Le logiciel gratuit est devenu aujourd'hui d'une qualité supérieure à beaucoup de logiciels commercialisés et constitue donc une alternative aux logiciels payants4 . Le système d'exploitation Linux, cité précédemment, est un UNIX gratuit et multiplateforme. Ce système développé par de nombreux programmeurs bénévoles sur Internet offre aujourd'hui une fiabilité et une sécurité supérieure à Windows NT. Il peut être utilisé pour implanter des serveurs d'entreprise à hautes performances. De nombreuses sociétés de service dans les pays industrialisés vivent aujourd'hui de l'installation ou de la maintenance de serveurs Linux.

Dans le domaine des postes clients, le logiciel Java permet de disposer d'un environnement gratuit de développement et de déploiement d'applications d'entreprises.

En supposant que Java et Linux soient complétées par des applications gratuites5 permettant de couvrir les besoins en bureautique de l'entreprise et de l'administration, on pourrait obtenir selon nos estimations données aux tableaux 5, 6 et 10, des économies de 80% par rapport au scénario de référence. La tableau 9 correspond à un poste équipé d'un micro-ordinateur traditionnel. La tableau 10 correspond à un poste équipé d'un ordinateur de réseau, c'est-à dire d'un micro-ordinateur dont la mémoire de masse a été remplacée par le réseau et dont toutes les applications sont développées en Java.

Le rôle de l'Etat et des grandes entreprises nationales

Le scénario C suppose que les logiciels Linux et Java soient complétés par des applications bureautiques simples pour constituer un ensemble complet susceptible d'équiper les entreprises publiques et privées. Or des applications bureautiques gratuites, de qualité et développées en Java n'existent pas encore6 . Le coût de développement de telles applications serait de l'ordre de USD 10 millions par an. Si un Etat ou un groupe d'entreprises acceptait de financer les coûts de développement, il pourrait obtenir une solution de faible coût pour tous les postes qu'il voudrait équiper. Une telle démarche serait rationnelle si le gain à attendre (1 135 USD par poste selon le scénario C) excédait les coûts de développement. Le seuil de rentabilité s'établit à 8500 postes équipés. Ce seuil sera atteint dès que 17 000 emplois seront concernés (1 poste bureautique pour 2 emplois). Au niveau d'un Etat comme la France, ses administrations et entreprises nationales, le coût de développement est non significatif. Il en résulte que le scénario C par rapport au scénario de référence peut apporter au plan de l’économie nationale des gains considérables.

  • Scénario C
    Avantages Inconvénients
    Forte économie Définition concertée des normes
    Solution la moins chère pour les entreprises, Nécessite de lancer un programme national
    pour l'état et les particuliers et de modifier les schémas classiques
    Ouvre la concurrence
    Développement d'une industrie du logiciel
    Création d'emplois
    Exportation de produits d'information

  • Discussion

    Sachant que le coût de formation et de maintenance des scénarios A à C est équivalent ou inférieur à celui de la solution de référence7 , la principale économie réalisable de façon certaine réside dans le choix des systèmes matériels, logiciels et des formats de fichiers ou protocoles associés.

    Selon nos estimations, beaucoup d'entreprises pourraient dès aujourd'hui réaliser des économies importantes de l'ordre de 70% en choisissant des solutions autres que les produits Intel ou Microsoft. Le principal inconvénient d'un tel choix est une plus grande difficulté à l'externalisation des services dans les pays en voie de développements. Cette difficulté, qui doit être relativisée8 , peut néanmoins être levée par des détachements temporaires de techniciens ou de formateurs dans les pays et régions où l'externalisation est impossible.

    Si l'Etat développait et distribuait gratuitement des outils bureautiques de base, il serait possible d'atteindre jusqu'à 90% d'économies par rapport au scénario de référence.

    L'aide de l'Etat se justifie tout particulièrement pour faciliter l'informatisation des petites et moyennes entreprises dont les bénéfices sont fortement obérés par les dépenses informatiques résultant de choix extérieurs (effet de la mode, choix dictés par les grandes entreprises etc.). En effet le gain maximum possible du choix du scénario C par rapport au scénario de référence dépend de la taille de l'entreprise (voir calcul au tableau 11) et atteint ,

    • 0,6% pour une entreprise équipée de 3000 postes (CA 4 GF)
    • 1,2% pour une entreprise équipée de 80 postes (CA 50 MF)
    • 2,5% pour une entreprise ou une administration locale équipée de 20 postes (CA 6 MF)


    Conclusion

    Nous avons présenté quatre scénarios d'investissement en bureautique d'entreprise

    • le scénario de référence correspond à « faire comme les autres », c'est-à dire aujourd'hui à utiliser des systèmes Microsoft/Intel;
    • le le scénario A correspond à choisir, au sein d'un système Microsoft/Intel, des normes publiques d'échange afin de conserver la possibilité de faire jouer la concurrence lors du renouvellement du parc matériel ou logiciel;
    • le scénario B correspond à s'équiper de systèmes commerciaux non Microsoft/Intel afin d'obtenir un meilleur rapport performance/prix;
    • le scénario C, qui suppose une intervention préalable de l'Etat, correspond à s'équiper de logiciels gratuits équivalents techniquement aux logiciels Microsoft et compatibles avec une grande variété de plateformes autres qu'Intel;

    Nous avons ensuite montré que les scénarios A, B et C permettaient d'effectuer des économies allant jusqu'à 90% mais nécessitaient, dans les conditions actuelles du marché de la bureautique, de recourir pour la formation ou la maintenance dans les pays en voie de développement à une internalisation proportionnelle aux économies réalisables.

    Par ailleurs, la comparaison des trois scénarios pour trois types d'entreprises différents permet de conclure que:

    • pour une grande entreprise, l'impact économique du choix technique d'un système d'information par rapport à un autre est assez faible;
    • pour une petite entreprise ou une administration locale, cet impact économique est important.

    Dans une période de fort chômage et de compétition accrue, l'informatisation peut induire des pertes graves sources de licenciements dans certaines entreprises. Comme les petites entreprises travaillant en sous-traitance sont souvent obligées de suivre les choix techniques dictés par leurs clients, les grandes entreprises ont une certaine responsabilité dans des choix techniques trop coûteux effectués par les petites entreprises pour leur système d'information et leur bureautique. Cette responsabilité est accentuée lorsque, parfois, les grandes entreprises ou les administrations reçoivent presque gratuitement les systèmes que les PME doivent, elles, acheter.

    Cette situation nous semble peu optimale pour l'économie française:

    • de nombreuses PME voient leur rentabilité grevée par des choix coûteux;
    • le logiciel de grande diffusion est principalement importé de l'étranger et ne crée que peu d'emplois directs en France;
    • le manque d'ouverture des normes informatiques propriétaires adoptées par les grandes entreprises rend difficile l'émergence d'un tissu industriel de PME productrices de logiciel de grande diffusion.

    Il nous semble donc que l'Etat associé à un groupement d'industriels devrait développer autour de normes publiques ses propres outils bureautiques puis les distribuer gratuitement. Le coût pour l'économie nationale serait compensé par des gains bien supérieurs au niveau des PME. De plus, en contrôlant les normes des formats de fichiers et les protocoles, l'Etat associé aux entreprises utilisatrices pourrait définir les conditions d'un marché plus ouvert à la concurrence et faciliter la création d'emplois français dans le domaine des technologies de l'information.


    Tableaux

    Avertissement

    Les prix indicatifs mentionnés dans cette note sont donnés en USD. Ils ont été obtenus en consultant début 1997 des catalogues électroniques de vente par correspondance aux Etats-Unis :

    • http//www.cybout.com
    • http://www.warehouse.com

    Tous les produits mentionnés dans cette note peuvent être livrés en Asie ou Europe sous 72 heures pour un prix de transport modique. Une description technique des produits est donnée en annexe.

    Tableau 1 Exemples de protocoles et formats publics ou publiés

    Utilisation Format ou protocole
    Traitement de texte RTF,Word 5 Mac,HTML
    Tableur SYLK,Excel 4,DIF
    Base de données ASCII,DIF,DBF,SQL
    Réseau TCP/IP
    Messagerie SMTP,POP,IMAP,MIME
    Documents électroniques HTML,HTTP,Postscript
    Images TIFF,JPEG,GIF,PICT
    Son AIFF,MPEG,WAV
    Cryptographie PGP
    Codage/compression BinHex,UUEncode,Base64,gzip
    Développement Java
    Transfert de fichiers FTP

    Tableau 2 Scénario de référence — poste client

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Poste Intel 1800 2.5 720
    Windows NT 200 2 100
    Microsoft Office 500 2 250
    Lotus Notes Client 200 2 100
    Total 1170

    Tableau 3 Scénario A — poste client

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Poste Intel 1800 4 450
    Windows NT 200 4 50
    Microsoft Office 250 4 62.5
    Lotus Notes Client 100 4 25
    Total 587.5

    Tableau 4 Scénario B — poste client

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Poste PPC 1000 4 250
    MacOS 100 2 50
    Claris Office 100 2 50
    Cyberdog 0 2 0
    Total 350

    Tableau 5 Scénario C — poste client

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Poste PPC 1000 4 250
    Linux 0 2 0
    Free Office 0 2 0
    Free Navigator 0 2 0
    Total 250

    Tableau 6 Scénario C — poste client (NC)

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Poste NC 500 4 125
    Java VM 0 4 0
    Total 125

    Tableau 7 Scénario de référence et scénario A - Serveur

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Serveur Intel 7000 2.5 2800
    Windows NT 1000 2 500
    Oracle Server 2000 2 1000
    Visual Basic 400 2 200
    Lotus Notes Server 2000 2 1000
    Internet access server 2000 4 500
    Total 6000

    Tableau 8 Scénario B - Serveur AppleShare

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Serveur AppleShare 3000 3 1000
    FileMaker Pro 200 4 50
    Tango 200 2 100
    Metrowerks Java 50 1 50
    Communigate Server 500 2 250
    VICOM Gateway 300 2 150
    Total 1600

    Tableau 9 Scénario B - Serveur Linux

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Serveur Linux 3000 3 1000
    Sun Java JDK 0 1 0
    Solid SQL 200 2 100
    Tango SQL 400 2 200
    Total 1300

    Tableau 10 Scénario C - Serveur Linux

    Prix Durée de vie Prix annuel
    Serveur Linux 3000 3 1000
    Sun Java JDK 0 1 0
    Free SQL/Web 0 2 0
    Total 1000

    Tableau 11 Gain du scénario C par rapport au scénario de référence en fonction de la taille de l'entreprise

    Postes Gain (FF) Chiffre d'affaires (FF) Gain (%)
    3000 22410000 4000000000 0.6%
    80 597600 50000000 1.2%
    20 149400 6000000 2.5%

    Tableau 12 Comparaison des scénarios - coût d'investissement annuel d'un poste pour un ratio de 25 postes par serveur - gain par rapport au scénario de référence

    Client Serveur Ratio Total Gain %
    Scénario de référence 1170 6000 25 1410.00 0.00 0%
    Scénario A 587.5 6000 25 827.50 582.50 41%
    Scénario B - AppleShare 350 1600 25 414.00 996.00 71%
    Scénario B - Linux 350 1300 25 402.00 1008.00 71%
    Scénario C 250 1000 25 290.00 1120.00 79%
    Scénario C - NC 125 1000 25 165.00 1245.00 88%


    Glossaire

    • Intel9 : producteur du Pentium, microprocesseur le plus utilisé par les micro-ordinateurs.
    • Windows NT10 : système d'exploitation conçu par Microsoft et de plus en plus adopté par les grandes entreprises qui le préfèrent à Windows 95. Nécessite en pratique une configuration matérielle haut de gamme.
    • Microsoft Office11 : outils bureautiques les plus utilisés au monde. Couvrent tous les besoins de l'entreprise sur les postes clients à l'exception de la fonction communication. Optimisé uniquement pour processeur Intel. Nécessitent en pratique une mise à jour fréquente des postes clients en raison de leur évolution rapide et de besoins très élevés en mémoire et puissance de calcul.
    • IBM Lotus Notes Client12 : ensemble sophistiqué d'outils de courrier électronique et de base documentaire. Optimisé uniquement pour processeur Intel. Nécessite en pratique une configuration haut de gamme.
    • Oracle Server13 : logiciel serveur de base de données utilisant le protocole public SQL.
    • Internet access server : logiciel ou matériel permettant un accès protégé à Internet, soit via un serveur Windows NT14 ou un logiciel de type VICOM Internet Gateway, soit via du matériel indépendant comme un routeur sécurisé CISCO15.
    • PowerPC16 : processeur produit par Motorola et IBM dont le modèle 603e esy 50% moins cher et 80% plus rapide qu'un Pentium à fréquence d'horloge égale. Troisième processeur le plus vendu au monde derrière MIPS et Super Hitachi17 .
    • MacOS18 : système d'exploitation développé par Apple connu pour sa simplicité d'utilisation et son avance technologique dans le domaine du multimédia et de la gestion des composants logiciels. A servi de modèle pour le développement de l'interface utilisateur de Windows 95 et de Windows NT. Optimisé pour processeurs PowerPC uniquement.
    • Claris Internet Office19 : suite bureautique multiplateforme simple et complète couvrant presque tous les besoins de l'entreprise sur les postes clients. Optimisé pour processeurs Intel et PowerPC. Inclut le butineur Netscape Navigator.
    • Cyberdog20 : outils sophistiqués de communication utilisant les protocoles d'Internet. Disponible uniquement sous MacOS.
    • Serveur AppleShare21 : solution logicielle et matérielle complète pour construire un serveur de fichiers et d'information.
    • FileMaker Pro22 : système multiplateforme de gestion élémentaire de bases de données partagées (clients, contacts, rapports de visite etc.).
    • Tango23 : logiciel multiplateforme d'accès réseau aux bases de données. Permet de consulter une base de données à partir de tout butineur.
    • Communigate Server24 : logiciel serveur de communication complet. Disponible uniquement pour MacOS. Interopérable avec MacOS et Windows.
    • VICOM Gateway25 : logiciel d'accès protégé à Internet. Disponible uniquement pour MacOS.
    • Wingate26 : logiciel d'accès protégé à Internet. Disponible uniquement pour Windows.
    • Serveur Linux27 : solution logicielle et matérielle complète pour construire un serveur de fichiers, d'information et de communication à hautes performances.
    • Solid SQL28 : logiciel serveur de bases de données utilisant le protocole SQL.
    • Free Office : nom générique d'une suite de logiciels bureautiques distribuée gratuitement. StarOffice29 en est un exemple puisque cette suite est offerte gratuitement aux étudiants et universitaires.
    • Free Navigator : nom générique d'une suite de logiciels de communication distribuée gratuitement. Cyberdog en est un exemple sous MacOS.
    • Poste NC : ordinateur dont le dique dur a été remplacé par le réseau et dont tous lea logiciels sont développés avec Java. Acorn30 produit des NC en Grande-Bretagne.
    • Java OS31 : système d'exploitation permettant d'exécuter des applications Java. IBM, Fujitsu et Toshiba font partie du consortium soutenant ce système développé à l’origine par Sun.
    • Free SQL: nom générique d'un serveur SQL et logiciel d'interface Web gratuit. Perl associé à Msql32 ou MySQL33 en est un exemple.


    1L’uniformisation peut présenter un intérêt éventuel au sein d’un groupe de 10 à 50 personnes : elle est par exemple souhaitable pour réduire localement les frais de gestion du parc lorsque le personnel en charge du système d’information n’est pas suffisamment formé. Cepedant, il convient de rappeler que les surcoûts liés à le gestion d’un parc hétérogène MacOS/Windows ont été évalués à la fin des années 80 par des cabinets de consultants et sont négligeables. Ceci est particulièrement vrai au sein d’un grand groupe où il est relativement aisé de répartir un parc hétérogène de machines de manière à créer des petits groupes homogènes.

    2On dénombre par exemple plus de 10 formats de fichiers Microsoft Word et plus de 100 sous-formats. Il existe 4 versions de Windows et plus de 50 sous-versions.

    3En France par exemple, la formation de nombreux ingénieurs au système Linux ou l'omniprésence du système MacOS dans les arts graphiques et le multimédia assurent la disponibilité de personnel qualifié formé à des solutions non Microsoft/Intel.

    4Notons ici que l’objection consistant à considérer les logiciels commerciaux comme a priori fiables et les logiciels gratuits comme a priori peu fiables est souvent contredite par la pratique. Cette objection soulève cependant la question de la certification des logiciels qui, lorsque l’on observe le nombre élevé de bogues dans les logiciels commerciaux et les problèmes de compatibilité d’une version à une autre, semble loin d’être résolue par l’industrie. C’est pourquoi nous recommendons la pratique des RFC, normes souples, peu contraignantes et publiées très rapidement sur Internet, offre une approche de la certification qui nous semble plus adaptée à l’informatique que l’approche de standardisation par des normes internationales.

    5Cette supposition est presqu’une réalité : la suite StarOffice est disponible gratuitement sous Linux dans le milieu universitaire et existe aussi sous forme d’application Java.

    6Il existe cependant des logiciels couvrant les besoins en bureautique (Star Office) et en groupware (Netscape Navigator) offerts gratuitement aux étudiants et aux universités.

    7On consultera par exemple les études du cabinet américain Cartner qui prouvent depuis 10 ans que les coûts opérationnels d'un système MacOS (investissement+maintenance+formation+utilisation) sont 30% inférieurs à ceux d'un système DOS/Windows, alors que jusqu'à très récemment, la part investissement d'un système MacOS était 50% à 100% plus importante que celle d'un système DOS/Windows.

    Plus récemment d'autres études on montré que le coût de maintenance prévisible d'un ordinateur de réseau Java serait jusqu'à 50% inférieur à celui d'un micro-ordinateur Windows.

    8Le volume économique de la micro-informatique est tel qu'une part de marché de moins de 10% seulement correspond désormais à une base installée de quelques millions voire de quelques dizaines de millions d'utilisateurs dans le monde. Ainsi, des sociétés comme Corel, Claris ou Netscape disposent de bases installées de plusieurs millions d'utilisateurs. Le constructeur Apple jouit d'une clientèle fidèle de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs.

    Par ailleurs, la formation académique repose encore rarement sur des systèmes exclusivement Microsoft. En France par exemple, la plupart des ingénieurs sont formés à Unix ou Linux lors de leur scolarité. Beaucoup de chercheurs ont choisi Linux ou MacOS comme environnement de travail.

    C'est pourquoi, il est peu probable dans les pays industrialisés, où le logiciel est acquis légalement et où le monde académique jouit d'un grand prestige, que l'offre de service ou de personnel qualifié pour l'exploitation de systèmes non Microsoft/Intel vienne à manquer.

    En revanche, dans les pays en voie de développement, un manque de formation, une grande admiration à l'égard des Etats-Unis et l'utilisation fréquente de logiciel copié tendent à faire évacuer toutes considérations techniques ou économiques au profit d'une attirance vers la mode du moment.

    9http://www.intel.com

    10 http://www.microsoft.com

    11 http://www.microsoft.com

    12 http://www.lotus.com

    13 http://www.oracle.com

    14 http://www.matranet.com

    15 http://www.cisco.com

    16 http://www.mot.com/sps/powerpc

    17 Les microprocesseurs sont principalement utilisés dans l'automobile et l'électroménager — seuls 500 millions de processeurs sont installés dans les ordinateurs contre 5 milliards environ dans les systèmes embarqués.

    18 http://macos.apple.com

    19 http://www.claris.com

    20 http://cyberdog.apple.com

    21 http://solutions.apple.com

    22 http://www.claris.com

    23 http://www.everyware.com

    24 http://www.stalker.com

    25 http://www.vicomtech.com

    26 http://www.wingate.com

    27 http://www.linux.org

    28 http://solid.digiface.nl

    29 http://www.stardiv.de

    30 http://www.acorn.co.uk

    31 http://www.javasoft.com

    32 http://www.Hughes.com.au/

    33 http://www.tcx.se/

     



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