9/02 - session II 17h15 - 18H30
Responsable : Jean LE TRAON
Intervenant(s) : Mathias HERBERTS + Hervé RETIF
Rapporteurs : Karl RIELLAND & Pierre MARLIANGEAS
Animateur : Jean LE TRAON, ENST Bretagne Direction des relations avec les
entreprises
Mél : jean.letraon@enst-bretagne.fr
Le premier intervenant : Mathias HERBERTS, consultant en nouvelle technologie,
diplômé de lENST Bretagne.
Le deuxième intervenant : Hervé RETIF, ENST Bretagne Département informatique.
Mél : herve.retif@enst-bretagne.fr
Le thème de cet atelier était de savoir à quels problèmes sexposait une entreprise ou une collectivité locale qui acquérait un ou plusieurs logiciels libres. Latelier devait se placer du point de vue de lutilisateur non-informaticien, mais il sest plus orienté du côté vendeur ayant de bonnes connaissances en logiciel libre. Plus quun atelier, un débat sest engagé entre les différents participants, fondé sur des expériences personnelles et professionnelles.
Cependant, le débat entre les différents participants sest plutôt tourné vers laspect vente de logiciel libre dans les entreprises. Les personnes présentes ont essayé dimaginer quelles pouvaient être les difficultés rencontrées par une entreprise qui acquérait un logiciel libre, au travers de leurs propres expériences.
Nous allons donc rapporter les propos qui se sont tenus lors de cet atelier, puis nous essaierons dapporter une réflexion sur le thème abordé et trouver les passerelles entre les différents ateliers du colloque.
Le premier intervenant (Mathias HERBERTS) a commencé par relater quelles sont les difficultés quil a constatées lors de rencontre avec des clients, lorsquil leur proposait des solutions basées sur des logiciels libres.
Avant toute chose, il faut rassurer lentreprise ou la collectivité locale cliente sur la nature et la qualité du logiciel libre. Lentreprise aura tendance à faire confiance à des solutions quelle connaît, quelle maîtrise déjà, dont elle a entendu parler ou qui dispose dun label de qualité émis par une entreprise reconnue dans le milieu informatique.
De plus, le vendeur doit bien expliquer la différence entre libre et gratuit, ainsi que présenter au client les différents avantages quun logiciel libre peut lui apporter.
Le débat sest alors orienté sur les questions que peuvent se poser les clients
et notamment :
- Le libre nécessite-t-il des compétences particulières ou supplémentaires ?
- Quelles garanties pour le client (labels
) ?
- Quels coûts (maintenance, formation
) ?
Le logiciel libre en général nécessite plus de compétences pour linstallation
mais celles-ci sont facilement réutilisables lors dexpériences futures (achat
dun nouveau logiciel, évolution du logiciel actuel
).
Le logiciel libre ne bénéficie pas encore de labels de qualité, principalement en raison de sa jeunesse. Cependant, il apporte dautres garanties au client en terme de pérennité, dévolutivité, de robustesse et de facilité de maintenance.
Les coûts dun logiciel libre ne doivent pas uniquement se penser en terme de coûts dachat de licences, mais aussi en terme de maintenance et de formation comme pour les logiciels propriétaires. Globalement, on saperçoit quon réalise tout de même des économies comme on le verra par la suite.
Le logiciel propriétaire bénéficie dune plus grande maturité, qui facilite pour le client la compréhension et la connaissance des différents problèmes que le logiciel peut créer ou auxquels le propriétaire peut être confronté. Or, les consommateurs ont tendance à privilégier les produits quils connaissent aux dépens de produits plus performants.
La seconde intervention principale (Hervé RETIF) traitait de linstallation dun point daccès public à Internet et aux services Intranet de la municipalité de Locmaria-Plouzané. On a notamment analysé les difficultés inhérentes au libre, sa complexité relative pour des non-initiés. En effet, au moindre problème de maintenance la personne chargée de ce lieu de rencontre na dautre solution que de faire appel à la " communauté libre " qui certes, travaille bénévolement mais na pas non plus la réactivité dune entreprise. Le problème nest pas très grave pour une collectivité locale mais devient pénalisant dans le cas dune entreprise dont le réseau informatique serait arrêté. Une solution possible à ce problème est de faire appel à une société de conseil en informatique qui, par nature du logiciel libre, possédera les sources, pourra les modifier, fera évoluer le logiciel et résoudre les problèmes futurs.
Lun des principaux reproches faits au logiciel libre est sa relative complexité. Le premier thème dorientation du débat était dailleurs de savoir si oui ou non des compétences particulières étaient nécessaires à lutilisation du logiciel libre. En effet, le libre nécessite souvent plus defforts dinstallation et comme on la vu, il faut donc rassurer les clients. Il faut prendre des précautions car le client ne maîtrise pas le produit et il ne faut pas quà lutilisation le logiciel soit trop complexe, pour éviter toute frustration. Léconomie du logiciel libre est à cet égard, une économie de la qualité, comme toute économie de services. Mais le libre étant encore en phase de développement, il ne jouit pas de labels et de signaux permettant au client dévaluer la qualité du produit et les compétences de son fournisseur.
Il lui faut des signaux qui le rassurent et le confortent dans son choix car il perd ses repères. On ne peut envisager de fournir du libre sans accompagner loffre auprès du client. On ne peut dailleurs pas répondre de façon unique à la question des compétences nécessaires pour le libre. Le logiciel libre nest pas forcément plus complexe mais il faut trouver les compétences et cest probablement là que se trouve la réelle difficulté.
Tout repose sur une confiance client/offreur, tout en sachant que les décideurs ont des critères souvent irrationnels de choix des solutions quon leur propose.
Le débat sest alors orienté sur les garanties que pouvait offrir le fournisseur au client afin justement de le rassurer. Or, les pratiques contractuelles sont les mêmes que pour les logiciels propriétaires. Les licences libres nont pas de spécificité du point de vue des garanties (se reporter à latelier A1 qui a traité les aspects juridiques autour du libre). Il nexiste pas duniformisation des licences, ce qui ne facilite pas la compréhension pour le client, même si la licence GPL est la plus utilisée.
Le principal problème du logiciel libre est de savoir contre qui se retourner en cas de problème ou de litige. Les utilisateurs deviennent auteurs. Chacun a des droits sur sa partie de code source mais on ne sait pas qui a les droits sur lensemble. Les problèmes de droits des logiciels sont complexes, car ils font parfois appels à des notions de droit national ou de propriété intellectuelle qui sont différentes suivant les pays. Certains font aussi appel au droit international et au droit de la consommation (cf. Atelier A1)
Comme on la vu précédemment, on peut même trouver des garanties au libre quon ne peut pas trouver aux logiciels propriétaires. En effet, on a une garantie de compétences, si le fournisseur disparaît, on peut retrouver les compétences au sein de la " communauté libre ", la difficulté étant toujours de trouver ces compétences (le client ne connaît pas a priori, qui dispose des compétences sur quel logiciel). Ceci est dû au fait que le client dispose des sources des logiciels libres quil utilise et quil peut les modifier ou les faire modifier par des spécialistes en informatique.
En ce qui concerne les coûts, les problèmes sont tout aussi complexes et on ne peut pas apporter une seule réponse. Il y a bien sûr, une baisse sensible des coûts de licences (plus de coûts de multiplication des licences pour lentreprise ou la collectivité locale cliente), mais il y a aussi un transfert des coûts par rapport aux logiciels propriétaires, de lacquisition vers la maintenance et la formation.
On peut tout de même estimer que le TCO (Total Cost of Ownership) dun logiciel libre est inférieur dans un rapport de 1 à 10 (en général, de 1 à 2) puisque le coût de maintenance est à peu près identique mais le coût de multiplication des licences est bien moins élevé (cf. LINUX Expo).
On a pu constater au cours de cet atelier que les questions autour dune utilisation commerciale du libre sont nombreuses et quon ne peut pas y apporter une réponse unique et simple. Léconomie du logiciel libre est encore récente et peut être pas assez mure pour intégrer totalement le marché grand public. On sest dailleurs bien rendu compte quil y a encore un effort marketing important à faire autour du libre (Cf. Atelier A1) afin dutiliser au mieux les caractéristiques et avantages du libre sans tomber dans les critiques de ses détracteurs.
Il est peut être regrettable quon ait pu réellement se placer du point de vue dun utilisateur non initié mais cela sexplique par le fait quaucun intervenant nétait vraiment novice. Le débat était donc quelque peu faussé et les intervenants prêchait avant tout des convertis.