Jean-René RUAULT (Pacte Novation ) |
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L'USAGE DES REPRESENTATIONS ICONOGRAPHIQUES DANS LES IHM, INTERET ET LIMITES |
Pendant longtemps, la
conception d'interfaces homme-machine, qui devaient etre déployées internationalement,
posait des problèmes de langues, aussi bien d'un point de vue conceptuel (traduction) que
d'un point de vue technique (limites du code ASCII, limites des outils de conception
d'IHM). D'une part, la création du standard Unicode, d'autre part, l'évolution des
outils de conception d'IHM, permettent la mise en euvre plus facile du multilinguisme,
sans pour autant résoudre tous ces problèmes. Face à ces problèmes rencontrés, les ingénieurs concepteurs trouvent dans les représentations graphiques de symboles et icones, des moyens simples pour court-circuiter les barrières de la langue. Ces représentations graphiques répondent bien aux problèmes techniques, dans la mesure ou, pour une unité sémantique donnée, il n'y a plus plusieurs morceaux de code avec des directives de compilation ou des fichiers de configuration, mais un pictogramme. Cela allège le code du logiciel, ce qui reste un leitmotiv chez les informaticiens, et limite les problèmes d'évolution, de mise à jour. De plus, il est assez facile de trouver un graphisme relativement expressif, recevant l'accord des différents concepteurs. En revanche, la difficulté de la traduction est immédiatement perceptible à tous, sans possibilité de la court-circuiter. Si on connait la langue, il n'y a aucune difficulté. Sinon, il est nécessaire de faire appel à un expert, de lui expliquer le domaine d'application, de trouver avec lui des consensus pour qu'il puisse effectuer la traduction. L'expert en question est souvent externe à l'entreprise, posant l des problèmes de confidentialité des informations, de coordination, de sa disponibilité, de sa compréhension des contraintes techniques. De part cette relative facilité répondre aux problèmes techniques, les représentations graphiques de type iconique semblent etre des langages universels affranchissant les concepteurs des langues et des cultures, et on leur attribue facilement le statut de solution panacée. Pour autant, ils sont loin de répondre aussi facilement aux problèmes dus au multilinguisme. Des exemples simples montrent les limites du langage iconique, celui de la représentation de la boite au lettre ("mail box") dans les logiciels de messagerie électronique, celui de l'éphéméride comme représentation de l'agenda. Après avoir présenté la structure et l'intéret des symboles et icones, l'article mettra en évidence quelques éléments qui limitent leur portée universelle. Nous traiterons des capacités sémantiques du signe, d'une part des dimensions dénotatives, en opposant les notions de motivation du signe et d'arbitraire du signe, d'autre part des dimensions connotatives. Nous poursuivrons en présentant les dimensions pragmatiques des symboles, c'est à dire le fait que leur sens est crée dans une compréhension partagée, les inscrivant d'emblée dans un contexte culturel, socialement situé et historiquement daté. Nous montrerons qu à l'instar du langage dont les dimensions connotatives sont dépendantes des cultures (la notion de processus avorté "abort" risque d'avoir une connotation très défavorable dans certains milieux religieux), l'ancrage culturel des symboles et icones limite leur portée universelle. |