Alice TOMA
Université de Genève
toma1@etu.unige.ch

 

Cohésion informative dans le discours scientifique

 

Pourquoi l'intérêt pour le discours scientifique ?

Premièrement, parce que le discours scientifique a une importance très grande dans le développement de la science aujourd'hui. Selon Michael Halliday et James R. Martin la science est « une technologie du discours » (1993 : 10). Voilà pourquoi une étude linguistique du discours (pour la définition v. Eddy Roulet 1986, 2001) scientifique ne manquerait pas d'intérêt pour les scientifiques, en général.

Deuxièmement, parce que de nombreuses recherches portant sur le langage scientifique s'arrêtent à l'étude des termes qui, même s'ils constituent une caractéristique important du langage scientifique, ils n'en sont pas la seule. C'est pourquoi nous considérons qu'une analyse du discours scientifique pourrait, d'une part, venir à l'encontre de la terminologie pour lui offrire un cadre élargi, d'autre part, fournir ses résultats à l'intelligence artificielle, au traitement automatique des langues.

Pourquoi l'intérêt pour la dimension informative du discours scientifique ?

Premièrement, parce que la fonction informative occupe un rôle central parmi les fonctions du discours scientifique. Michael Halliday et James R. Martin (1993) soutiennent que les langages et les discours des sciences ont vraiment des propriétés caractéristiques qui ont évolué pour pouvoir prendre en charge de différentes tâches du travail cognitif et sémiotique que le langage du « sens commun » de chaque jour ne peut pas remplir ; par exemple, la représentation de la technicité et de l'abstraction.

Deuxièmement, parce que les termes scientifiques sont les véhicules principaux de l'information dans le discours scientifique.

Nous nous proposons d'analyser la gestion de l'information dans le discours scientifique et la construction des concepts – termes (pour leur définition v. Pierre Lerat 1995, Maria Teresa Cabré 1998, François Gaudin 1998, 2003). Pour ce faire nous prenons un exemple qui soit à la porté des linguistes et spécialistes à la fois. Il s'agit du discours scientifique de vulgarisation. Il faut rappeler ici que le discours scientifique n'est pas une espèce monolithique. Au contraire, on distingue, à partir de différents facteurs (cf. le cadre interactionnel et actionnel de l'analyse du discours genevoise, Roulet 2001), au moins trois niveaux du discours scientifique : le discours scientifique proprement dit ou de recherche, le discours scientifique didactique et le discours scientifique de vulgarisation.

Nous relèverons quelques aspects de l'organisation informationnelle et tropicale du discours scientifique, en montrant la continuité (progression à topique constant ou progression linéaire) ou la discontinuité (enchaînement à distance) dans la construction du savoir. Nous montrerons aussi comment les réseaux de concepts se construisent dans le discours scientifique et comment les termes s'  « emboîtent »  les uns les autres, fait qui constitue d'ailleurs une de leurs propriétés.